Saint-Malo Chaussey 4

Je me réveille sur le tard et en rogne, pas envie de bouger, la nuit a été détestable. Le vent a été dure et a méchamment secoué nos bateaux à couple, de plus la pluie à battu le pont, bref le baromorale est en berne. Incroyable mais vrai, Henry sera debout avant moi et préparera le café. Une JDM s’annonce. Nous levons l’ancre et allons nous mettre à couple du Baroudeur. Sébastien et Soizic sont de bonne humeur eux, il accepteront de prendre une journée de repos et se mettront en quatre assumant notre oisiveté. Ils assureront la popote et grâce à leur bonne humeur le baromorale ne met pas de temps à remonter au beau fixe, le soleil est de retour.

La journée se passe et nous sympathisons avec le bateau voisin, un superbe RM 12.50, en lui donnant un coup de main pour s’amarrer. Il est convenu que nous prendrons l’apéro à leur bord, c’est vrai que les petits bateaux attirent vite la sympathie et les gros l’envie… comme dit le proverbe populaire ; si les premiers centimètres suffisent, les derniers fond la différence.
La nuit dans le Sound fut du meilleur effet et au petit matin à l’heure du petit déjeuner, dans le cockpit du Baroudeur, la décision est prise de rentrer à Saint Malo. Le plein d’émotion est fait pour l’année, Henry et moi rejoindrons nos familles respectives le soir, le baroudeur nous accompagnera mais lui continuera sa route vers les Anglos Normande la semaine suivante.

Le courant fort du Sound nous sort rapidement de Chausey. Les voiles sont envoyées, la mienne ressemble à un sac à patate sans ses lattes, impuissant j’espère simplement qu’elle me ramènera jusqu’à Saint Malo sans déchirer. La météo annonce un vent NNo 3 à 4 Bf et du soleil, les courants sont contraires mais nous partons quand même. Il est 11h00.
Parti bord à bord avec le maraudeur, le près bon plein va bien au Tabasco nous filons les 5 nœuds de moyenne en surfaces, avec de bon surf, Le maraudeur prend 0.5 mile d’avance, le vent est monté à 4 Bf et c’est juste pour Henry qui réalise quelques départ au lof l’empêchant de prendre plus d’ avance, s’il prend un ris Frimousse lui tombera dessus. La régate s’engage, l’écart ne changera pas beaucoup sur les 16 miles séparant Chausey de Saint Malo. Le maraudeur gardera sa petit avance du départ. Il est 14h lorsque nous engageons la passe de Saint Malo par le canal de la grande Conchée.
3 heures de joyeuse navigation, plus je navigue plus j’adore mon bateau, j’en ai presque oublié les trous dans la grandes voiles que m’ont laissés ses lattes traitresses ainsi que les deux ou trois années de restauration qu’a nécessité l’état de la coque. Ce Tabasco était un beau tocard, personne n’aurait parié un sous sur cette épave( au sens propre), et aujourd’hui pourtant il vient de m’offrir une super tranche de bonheur.

Yaouuuuh : je grave à jamais cette épopée dans ma mémoire.

Henry me fait remarquer qu’il est encore de bonne heure et que pris dans notre régate personne n’a eu le temps de manger. Allez direction Cézembre pour échouer les bateaux sur la plage et manger une croute pénard. La carte postale parait jolie mais in situ les rouleaux drossent les bateaux, et la plage est trop fréquentée. J’aurai toutes les peines du monde à me sortir de là pour me mettre à l’ancre un peu plus loin. Un repas sur le pouce et nous remontons le grand chenal de saint Malo. C’est la fin, la motivation n’y est plus, le spi est abandonné dans les fonds de coffre et nous naviguons de concert les voiles en ciseaux ( houuu) . Avant de passer le Mole des noirs, le baroudeur et son équipage nous rejoint nous finissons cette aventure comme nous l’avons commencée, les trois mousquetaires unis comme les quartes doigts de la main.

Les bateaux seront remisés sur leur remorque avant le dernier pot d’adieu , c’est à cette occasion que Soizic nous apprend qu’un surnom nous est attribué depuis pas mal de temps, voire d’année ; sur le baroudeur , on nous appelle Tic et Tac, Henry et moi. Alors vivement le prochain épisode de Tic et Tac en bateau.